Wednesday, January 23, 2008

Phatique

Il est évident que les billets que je rédige en ce moment ne sont pas lus et ne le seront probablement jamais. Il ne seront pas lus tant que je n'aurais pas fait la promotion de ce blog, ne serait-ce qu'en allant commenter sur des blogs qui sont déjà assez fréquentés. Et, si je suis persuadé que ces premiers billets resteront lettres mortes à l'avenir, c'est parce que les bloggers ont généralement pour habitude de s'en tenir à la lecture du dernier billet posté. Trouver un commentaire sur une page qui n'est pas la première page du blog est quelque chose de tout à fait exceptionnel.

Je suppose que la plupart des lecteurs qui commentent le font avec l'espoir que leurs commentaires seront lus par un maximum de personnes. Ils ne commentent pas simplement pour ajouter une pierre à l'édifice des billets construits par l'auteur d'un blog. Ils ne le font pas pour relancer le processus discursif, analytique et compléter une réflexion sur un sujet ou un thème donné mis en place par le rédacteur.

Non. La plupart des bloggers commentent pour faire savoir qu'ils existent, qu'ils sont en ligne. Ce qui fait que, rapidement, même si l'auteur d'un blog avait initialement la ferme intention de faire passer de l'information, au bout de quelques temps, son blog ne sera plus alimenté que pour ses fonctions phatique et conative, faisant passer au second plan les fonctions référentielle et expressive, selon la classification de Roman Jakobson.

Quant à la fonction poétique des blogs, c'est certainement la chose la moins prise en compte par les bloggers qui restent sur les sentiers battus du langage et de la langue dans laquelle ils s'expriment. Très peu de bloggers ont une réelle connaissance de la poésie. La "poésie", telle que l'entend la majeure partie des rédacteurs en ligne, est certainement le domaine où l'on trouve la pire soupe de toute la bloggosphere francophone. Ce qui reflète, là encore, l'état désastreux de la culture française et met en lumière de terribles faiblesses sur le plan de l'imagination, du rêve, de l'ouverture au monde.

No comments: